V. A. - Pré-Folk – La préhistoire du folk – 1973
Chansons à répondre01-Quand j'étais chez mon père (laridé)
02-C'est un garçon marinier (rond de Guérande)
03-Dis-moi donc beau messager (rond de Guérande)
04-M'en revenant de Bordeaux (branle)
05-Le grand valet (laridé)
06-Derrière chez nous y-a-t'une lande (rond de Guérande)
07-Mon père m'a mariée (rond du Pays Gallo)
08-L'épi de blé (rond d’Argenton)
09-Bonsoir le maître de maison (Rondeau landais)
10-C'est la belle Françoise (danse ronde)
11-La geolière de Lyon (en dro)
12-La fille du roi en servante (branle)
13-Voici z'une belle danse (branle)
14-Je vous ai menti souvent (hanter dro)
Musiciens :
Naïk Raviart-Guilcher
Mône Dufour-Guilcher
Yvon Guilcher
Jean-François Dutertre
"Les pièces réunies dans ce disque sont toutes des chansons "à répondre" du type utilisé naguère pour l’accompagnement des rondes paysannes. On y reconnait les rythmes et les formes caractéristiques de plusieurs danses de nos provinces. Les chanteurs qui les ont choisies et regroupées étaient exceptionnellement qualifiés pour les interpréter : la chanson populaire d’autrefois, ils l’ont apprise dans les milieux où récemment encore elle conservait quelque vie, au contact des derniers dépositaires de la tradition. Plusieurs d’entre eux l’ont assimilée dans leur enfance, lié à leurs plus lointains souvenirs, l’héritage séculaire est demeuré pour eux partie intégrante d’une culture d’aujourd’hui. Là est peut-être leur grande originalité.
Aussi n’éprouvent-ils nul besoin de se poser en vedettes ; ni de s’attribuer un nom sonore de groupe ; encore moins de dénaturer les chants traditionnels sous couleur d’une interprétation prétendument paysanne. Leur fidélité au modèle reçu, autrement profonde, est inséparablement fidélité à eux-mêmes. Ils chantent sans déguisement, avec leur façon personnelle de sentir, avec leur voix propre, sans effets surajoutés, sans harmonisations, sans soutien d’instrument ; comme ils chantent chaque jour pour eux-mêmes. Le chant le plus nu, riche de sa seule vie rythmique, poétique et mélodique. En cela ils sont bien les héritiers de ceux qui les ont instruits.
Cette fidélité à une tradition immémoriale fonde et justifie la liberté des interprètes. La chanson est pour eux un authentique et toujours actuel moyen d’expression. S’ils reproduisent des versions reçues,
il leur arrive aussi, comme aux analphabètes de jadis,
de transposer des textes traditionnels sur des airs nouveaux, composés par eux dans l’esprit des airs anciens. Ils ont si bien assimilé les clichés de l’ancienne poésie populaire qu’ils en composent à l’occasion des pièces entièrement nouvelles. Et cela avec assez de bonheur pour que certaines, communiquées oralement, passent déjà pour locales et anciennes dans des groupes qui les ont récemment accueillies sans en connaître l’origine.Il y avait quelque gageure à proposer à des auditeurs d’aujourd’hui des œuvres d’une inspiration si éloignées de notre mentalité présente et avec si peu de concessions aux habitudes du moment. Forts de la joie qu’ils en avaient retirée eux-mêmes, les chanteurs ont cru pouvoir faire partager leur goût pour cet art supérieurement dépouillé. Aux auditeurs de juger s’ils ont réussi.
Jean-Michel Guilcher
Président de la Société d’Éthnologie Française"
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